Une exposition censurée, l'Europe scandalisée.
L'exposition Exhibit B plonge les visiteurs dans l'histoire coloniale en dénonçant la ségrégation raciale aux XIXe et XXe siècles. Depuis l'exposition coloniale de 1931, où la France exhibait sa puissance coloniale à travers un véritable « zoo humain », le sujet reste de nos jours encore polémique.
(Source : AFP/FRANCK PENNANT)
L'auteur de cette œuvre ?
Brett Bailey, un Sud-Africain blanc, metteur en scène et plasticien, est à l'origine de cette troublante exposition. Ayant grandi aux côtés d'une nourrice noire, il est très tôt sensibilisé à la ségrégation et encore aujourd'hui, il cherche à soumettre aux gens un devoir de mémoire. L'exposition relate l'histoire coloniale et post-coloniale par une série de 12 tableaux-vivants. « La Vénus Noire » exhibée aux regards comme un phénomène de foire ou encore une « odalisque » assise nue sur le lit de la chambre d’un officier français, une chaîne au cou. Un acteur déterminé jouant Soliman, un ancien esclave, posté à côté d'une pancarte qui retrace sa vie : « Il y a deux moments sensibles. D’abord, le spectateur apprend que cet esclave est devenu un homme influent à la cour de l’Empereur d’Autriche, confident de l’Impératrice, de Mozart, en plus d’être mathématicien et philosophe… Ensuite, il découvre avec stupeur qu’à sa mort, l’Empereur l’a fait empailler et l’a installé au milieu d’animaux dans son cabinet de curiosités ».
Une exposition qui fait polémique...
Des œuvres dites dérangeantes, embarrassantes car elles contraignent le spectateur à ne pas détourner les yeux de ces performeurs, principalement des femmes, noires et nues. Les visiteurs sont alors obligés de se remémorer que, auparavant, leurs ancêtres étaient, eux-mêmes, spectateurs de ce genre de « zoo humains ». Certains ne partagent pas la vision de Brett Bailey, allant même jusqu'à qualifier son exposition, Exhibit B, d'évocation raciste, insultante. Ces oppositions sont poussées à l'extrême : manifestations, censures à Londres... Les opposants à cette exposition, ayant échoué devant la justice, remportent une petite victoire en écourtant le calendrier des représentations du spectacle partout où l'exposition n'a pas été censurée.
Julie P. Julie M., 2nd3