La marginalité vestimentaire, et plus généralement celle de l'apparence physique, est un choix. Mais est-elle acceptée aujourd'hui dans la société ?
Lycéennes au lycée Jean Monnet à Cognac, nous avons choisi d’interviewer le proviseur du lycée ainsi qu'un tatoueur. Le premier se doit d'avoir une tenue neutre pour montrer une autorité et un cadre scolaire stable, tandis que le deuxième nous montre un métier, une image et un monde extravagants penchant vers la marginalité. Grâce à ces deux interviews nous pourrons faire une comparaison entre deux modes de vie et deux perceptions de la marginalité.
Interview de Valère et Dimitri,
(S.A.R.L.) VALÈRE TATTOO CLUB & BODY-PIERCING
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Valère P. est fondateur et gérant de l'enseigne présente à Angoulême, Cognac et Saintes et Dimitri B. est co-gérant du magasin de Cognac. Ils sont tous les deux tatoueurs/
"Considérez-vous avoir un style particulier ?
Dimitri : Oui.
Valère : Non, je n'affiche aucun style particulier et je montre peu mes tatouages.
Pour vous, qu'est-ce qu'être "marginal" ?
D : C'est quelqu'un qui n'est ni compris, ni accepté par la société mais qui n'est pas anti-social.
V : C'est être en marge du système, ou border-line.
Les gens définis comme "marginaux" vous dérangent-ils ?
D : Les personnes anti-sociales me dérangent plus que les personnes définies comme marginales, qui ne me dérangent pas.
V : Non.
Êtes vous bien dans vos vêtements ?
D&V : Oui.
Les modifications corporelles (tatouages, piercings) vous dérangent-elles ?
D&V: Non.
Avez-vous des a priori sur une personne par rapport à son style ?
D : Oui, on en a toujours malgré soi.
V : Je m'en défends mais je suis humain.
Vous considérez-vous comme "marginal" ?
D : Il y a 15 ans, oui, mais plus aujourd'hui.
V : Pas du tout.
Pensez vous que les modifications corporelles sont une façon d'exprimer qui l'on est vraiment ?
D : Oui et non. Certains tatouages sont faits pour exprimer qui l'on est, mais d'autres sont désirés à cause de l'effet de mode. Donc certaines personnes cherchent à se justifier aux yeux des autres afin de ne pas être jugés sur leurs choix de tatouages.
V : Un tatouage doit représenter ce que la personne souhaite véhiculer en terme d'image, ce qu'elle souhaite livrer d'elle même donc oui.
Dans quel but faites-vous votre métier ?
D : Dans le but de m'épanouir dans la vie.
V : M'épanouir, mais aussi pour accompagner la représentation que les gens ont du tatouage.
Pensez-vous que les tatouages et les piercings sont acceptés dans la société actuelle ?
D : Pas du tout. Les modifications corporelles sont beaucoup plus acceptées dans les pays anglo-saxons, qui sont plus ouverts d'esprit d'après moi.
V : Notre pays est catholique de tradition, cette religion s'attache à l'idée de l'incarnation du christ (contrairemant aux protestants qui sont dans la commémoration du Christ), c'est pourquoi les Français ont plus de difficultés à apporter des modifications à leur corps (qui est cessé rester à l'image de Dieu et/ou du fils rédempteur).Alors que, au contraire, les anglais complexent moins sur le sujet. Il faut préciser que ces derniers ont été les premiers à découvrir la Polynésie et à importer la tradition du tatouage. Quant aux Italiens du Sud, les bases de l'Otan amènent beaucoup de militaires américains qui démocratisent la pratique du tatouage. La France a donc du retard.
Vous sentez-vous jugés par rapport à votre style ou votre métier ?
D : Oui, de toute façon il y a du jugement partout.
V : Non, depuis plus de 16 ans dans le métier et bien implanté dans la région et bien implanté dans la région, j'ai fait mes preuves aux yeux des partenaires sociaux, finaciers, politiques, etc. Je me sens parfaitement inséré dans la société, dans nos villes et donc dans le milieu socio-professionnel."
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Interview de Monsieur Perrier,
Proviseur du lycée Jean Monnet à Cognac
"Les gens marginaux vous dérangent-ils?
Je demande juste une tenue correcte et non négligée au sein de mon établissement. Les piercings et les tatouages ne me dérangent pas, on peut être tatoué et percé en étant quelqu'un de droit et de propre sur soi.
Qu'est-ce qu'une tenue décente d'après vous ?
La conception d'une tenue décente dépend de la marge d'appréciation et les convictions de la personne.
Est-il bien d'être différent?
Vivre avec des différences est dans les mœurs de la société (éducation, caractères...). Être différent est une bonne chose, sauf si la différence est utilisée afin de provoquer.
Le style vestimentaire est-il, d'après vous, une liberté d'expression ?
La façon de s'habiller est une sorte de volonté de s'inscrire dans le groupe (marques...) ou au contraire, de se démarquer du groupe. C'est une sorte de façon d'exister."
Ces deux interviews nous permettent de dire que la marginalité est différemment acceptée, selon les milieux de vie ou les métiers. La différence est tolérée dans les deux cas, mais l'un demande une certaine décence tandis que les autres sont plus libres dans leurs choix vestimentaires ainsi que corporels. L'idée générale est que la marginalité n'est pas acceptée partout ni par tout le monde, et que la société a un avis plutôt homogène sur la question.
(Images : Wikipédia)
Lisa A. et Lola L.--W., 2nde 3